Au cours des dernières décennies, nous avons vu le pouvoir que représente Internet. C’est une force qui peut destituer les dictateurs, révolutionner l’éducation, réorganiser les économies et connecter des milliards de personnes. Malheureusement, c’est aussi une force qui permet de surveiller, de réprimer, de harceler et d’exclure. Il peut fragiliser nos valeurs les plus importantes.
Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins. Alors que l’internet des objets évolue et s’immisce dans notre sphère privée, nous devons trouver un équilibre entre le progrès et les principes que nous devons respecter. Il ne suffit pas de se demander : « Est-ce que c’est possible ? » Il faut également se poser la question : « Est-ce responsable ? »
NetGain Partnership – une large coalition d’organisations sans but lucratif, engagées dans la protection d’Internet comme une ressource publique – a publié un article quant au chemin qui nous attend. « We All Live in the Computer Now » (nous vivons tous dans l’ordinateur désormais) explore les pistes ouvertes par un Internet omniprésent, les défis qui lui sont associés et la direction que nous prenons.
D’une part, l’internet des objets peut contribuer au bénéfice de tous : il peut être utilisé pour le partage des connaissances et des technologies. Il peut aider à la préservation de la planète : des villes comme San Antonio, Barcelone et Hubli ont tiré parti de l’internet des objets pour économiser l’eau et l’énergie. La démocratie peut également en bénéficier : de Hong Kong à Dublin, les gens utilisent le Web pour participer aux décisions du gouvernement. L’internet des objets est une ressource pour des organisations et des mouvements d’intérêt public, des Arduino aux makerspaces.
D’autre part, certains dangers existentiels guettent. L’internet des objets menace la vie privée avec ses légions de micros et caméras qui peuvent suivre nos mouvements et nos conversations à notre insu. La surveillance de masse est à la portée des gouvernements et les données personnelles sont les proies faciles de hordes d’entreprises intéressées. L’internet des objets ouvre la porte à plus de vulnérabilités, permettant l’attaque Dyn qui a eu lieu récemment ou le piratage des élections.
Les points d’inflexion qui balisent le passé d’Internet nous fournissent une aide précieuse. Avec le recul, nous nous apercevons qu’un meilleur équilibre et de meilleurs principes auraient été bénéfiques. Pendant les années 90, lorsque le Web a explosé, le pouvoir s’est rapidement concentré autour du monopole d’un navigateur. Plus récemment, nous avons vu que l’évolution du Web a creusé les écarts : les plus privilégiés ont été favorisés et les autres, plus pauvres ou non anglophones, ont été mis de côté.
Oui, nous avons progressé sur ces fronts. Les utilisateurs d’Internet peuvent désormais choisir et contrôler leur navigateur. Les ONG, les entreprises et les gouvernements promeuvent l’intégration numérique. Mais aujourd’hui, nous avons la chance de pouvoir agir proactivement sur ces dangers à venir. À l’heure de la genèse de l’internet des objets, nous pouvons construire un avenir sûr.
Que faire ? Des organisations philanthropiques telles que Mozilla, Ford, Knight, MacArthur et Open Society sont en première ligne pour construire un meilleur Internet. L’internet des objets sera la première bataille majeure de 2017. Dans notre papier, nous partageons six principes pour un meilleur internet des objets. Nous prévoyons également d’organiser des projets de recherche, des bourses et des expositions pour mieux tracer l’avenir. Et enfin, NetGain recherche d’autres technologues, militants et entrepreneurs pour amplifier le mouvement. ■
Le papier de Netgain sur l’internet des objets, Mark Surman et Michelle Thorne de la fondation Mozilla, 20 octobre 2016 [PDF, 541 Ko, 22 pages, via Google Drive]
Traduction et relecture : Léonarf, Mozinet, Julien “Sphinx”, Goofy, Sizvix, Porkepix et anonymesCrédit illustration (ajouté par le traducteur) : IoT par geralt sous licence CC0 – domaine public.