L’affaire Apple c/ FBI

Nous avons soutenu Apple dès que nous avons entendu parler de l’injonction du FBI à Apple, car cette affaire concerne la sécurité de l’utilisateur et celle du public.

Le gouvernement exige qu’Apple crée une version vulnérable de son logiciel sans les fonctionnalités essentielles de sécurité. Le précédent que cela créera pourrait considérablement affecter nos utilisateurs et chaque entreprise technologique. Cela pourrait entraîner au sein de l’industrie des répercussions sur les autres technologies et les autres entreprises. Et il est fort probable que les autres gouvernements exigeraient la création de ce genre de logiciels vulnérables. Nous comprenons que cette situation est forte en émotion, mais nous n’avons pas le luxe de dire « rien que pour cette fois ».

La semaine dernière, le FBI déclarait dans un mémoire qu’Apple avait délibérément conçu ses produits pour qu’ils soient à l’épreuve des investigations judiciaires et que ce combat n’était qu’une décision marketing pour Apple. L’accusation qu’une quelconque entreprise conçoive ses produits dans le but d’être « à l’épreuve des investigations » est ridicule. Les entreprises telles que Mozilla décident de créer des fonctions de sécurité pour protéger les utilisateurs, tenir à distance les délinquants et contribuer à la sécurité du public, et pas pour rendre leur technologie à l’épreuve des investigations. Malheureusement, créer quelque chose qui peut être hacké par le FBI veut dire créer aussi quelque chose qui peut être facilement hacké par les criminels.

Le code est expression

Nous considérons aussi que la demande du FBI a mis en évidence de graves sujets de préoccupation pour le Premier Amendement[1] et la liberté d’expression. Nous nous sommes exprimés dans ce sens dans un mémoire d‘amicus curiae [PDF] que nous avons déposé ce mois-ci avec une coalition d’entreprises technologiques. Pour de nombreuses entreprises technologiques, le code représente leur vision de la sécurité. Mozilla est une entreprise de l‘open source : notre code est mis à disposition du public et suit notre Manifeste. C’est donc une manière fondamentale dont nous exprimons nos opinions sur la sécurité et sur de nombreuses autres problématiques.

Une des choses les plus importantes concernant cette affaire est qu’elle a créé un débat au sein du grand public sur des sujets très importants qui concernent tous nos utilisateurs : le chiffrement, la sécurité des utilisateurs et l’accès du gouvernement aux données. Le chiffrement est un outil de sécurité essentiel et omniprésent. Affaiblir nos outils de sécurité sape la sécurité quotidienne des internautes.

Denelle Dixon-Thayer, directrice des affaires juridiques et commerciales de Mozilla, en conversation avec Jochai Ben-Avie, directeur des politiques mondiales, sur le débat actuel sur le chiffrement et la responsabilité des entreprises techno de défendre la sécurité. Vidéo de 13 min 24 sur la chaîne YouTube de Mozilla Firefox.


Traduction et relecture : Mozinet, Hellosct1, Geb, Goofy, Léonarf et anonymes

Note

[1] Article de la Déclaration des droits de la Constitution des États-Unis protégeant entre autre la liberté d’expression : « Le Congrès ne fera aucune loi relative à l’établissement d’une religion, ou à l’interdiction de son libre exercice ; ou pour limiter la liberté d’expression, de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement ou d’adresser au Gouvernement des pétitions pour obtenir réparations des torts subis. » Wikipédia